Module A -
Institutions et réseaux
Contexte 1 - La
protection sociale
I - Approche historique :
l’évolution des structures sanitaires et sociales
TD : Les caractéristiques de la
protection sociale
Rappel : les grandes étapes de la
construction du système de protection sociale (cf.
Chronologie)
Objectifs :
Identifier l’importance
des modèles de références dans la construction du modèle français
Différencier les
techniques d’assistance, d’assurances.
Activité 1 : Les « références » de la protection
sociale
Document 1 :
Lorsque l’on
étudie les systèmes de protection sociale, leur mode de fonctionnement et de
financement, on constate qu’ils sont structurés autour de deux
archétypes : le modèle bismarckien (fondé sur la
conception du chancelier Bismarck) et le modèle beveridgien (reposant
sur les idées de l’économiste Beveridge).
Le premier
renvoie à des modes de prise en charge privilégiant la logique
assurantielle (les prestations sont versées aux individus qui se sont
assurés contre tel risque), le second à une logique assistancielle (les
prestations sont versées aux individus qui en ont besoin).
Le système bismarckien ou assurantiel
Si dans
l’imaginaire français le chancelier allemand Otto von Bismarck (1815-1898) est
surtout assimilé au « chancelier de fer » et à « l’ennemi
prussien », il est devenu une figure emblématique de la protection sociale
en ayant mis en œuvre en Allemagne, à la fin du XIXe siècle, un système de
protection sociale contre les risques maladie (1883), accidents de travail
(1884), vieillesse et invalidité (1889).
Les
motivations qui sont à l’origine du système bismarckien sont éminemment
politiques et résident dans le souci de juguler les mouvements syndicaux et
socialistes en améliorant les conditions de vie du prolétariat ouvrier. Ce
système se base sur des logiques que l’on retrouve aujourd’hui dans de nombreux
systèmes de protection sociale.
Plusieurs
principes sous-tendent ce modèle :
·
protection fondée uniquement sur le travail et sur la capacité des
individus à s’ouvrir des droits grâce à leur activité professionnelle ;
·
protection obligatoire ;
·
protection reposant sur une participation financière des ouvriers et des
employeurs qui prend la forme de cotisations sociales ;
·
cotisations qui ne sont pas proportionnelles aux risques – comme dans la
logique assurantielle pure – mais aux salaires : on parle ainsi de
« socialisation du risque » ;
·
protection gérée par les salariés et les employeurs.
Le système beveridgien ou assistanciel
En 1942, à la
demande du gouvernement britannique,
l’économiste William Beveridge (1879-1963) rédige un rapport
sur le système d’assurance maladie. Partant du constat qu’il s’est développé
sans réelle cohérence, il propose de le refonder sur plusieurs principes qui
deviendront autant de caractéristiques du système dit « beveridgien »
(les trois premiers étant connus sous le nom des « trois U ») :
·
universalité de la protection sociale par la couverture de toute la population
(ouverture de droits individuels) et de tous les risques ;
·
uniformité des prestations, fondée sur les besoins des individus et non sur
leurs pertes de revenus en cas de survenue d’un risque ;
·
unité de gestion étatique de l’ensemble de la protection sociale ;
·
financement basé sur l’impôt.
Face à ces
archétypes, la sécurité sociale française se distingue par un système mixte
empruntant des éléments aux deux modèles (voir ci-dessous rubrique
Approfondir).
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/protection-sociale/definition/systemes-bismarckien-beveridgien-protection-sociale-quelles-caracteristiques.html
1)
A partir du document 1, citez les 2 systèmes
européens dont s’est principalement inspiré le système de protection sociale
français
Les modèles
Bismarckien et Beveridgien
2)
Présentez les grandes lignes des 2 systèmes en
complétant le tableau suivant :
Système Bismarckien
=Assuranciel
|
Système Béveridgien
= Assistanciel
|
|
Origine
|
Allemagne
|
Britanique
|
Date
|
1983
|
1942
|
Principes
|
Protection fondée uniquement sur le
travail et sur la capacité des individus à s’ouvrir des droits grâce à leur
activité professionnelle
|
Les trois U :
Universalité
Unité
Uniformité
|
Financement
|
Cotisations sur les salaires
|
Basé sur l’impôt
|
Gestion
|
Caisses gérées par les salariés et les
employeurs
|
L’Etat
|
II - Les
caractéristiques de la protection sociale
Activité 2 :
Les principes fondateurs de la protection sociale : l’assurance et l’assistance
1)
A l’aide de vos connaissances et du site www.vis-publique.fr, repérez et
définissez les 2 principales techniques de protection sociale
Assurance = cotisations
des employés
Assistance =
Impôts
Document 2 : Assistance,
assurance et protection sociale
L’assistance
et l’assurance sont considérées comme les deux principales techniques de
protection sociale. Elles se distinguent essentiellement par les principes qui
les fondent mais aussi par leurs implications en termes de droits, de devoirs
et de conditions d’accès. Il est courant de les opposer dans le développement
historique des systèmes de protection sociale, mais elles doivent également
être analysées au regard d’une troisième notion : celle de solidarité.
L’assurance sociale
L’assurance
sociale est traditionnellement présentée comme un système de protection sociale
reposant sur des mécanismes de transfert du type contribution / rétribution.
Les travailleurs versent une cotisation qui est fonction de leur revenu, et s’ouvrent
ainsi un droit "objectif" sur la société. Ce droit consiste à
percevoir une prestation dont le montant est en rapport avec leur revenu, en
cas d’interruption ou de privation d’emploi.
La notion
d’assurance s’est développée parallèlement à l’émergence du travail
salarié : pour pallier les risques d’une perte de salaire consécutive à un
accident, au chômage ou à la vieillesse, il est apparu nécessaire d’instaurer
une protection permettant à chaque travailleur de se constituer un revenu de
remplacement, sur la base de cotisations préalables. Initialement limitée à la
protection individuelle, la logique d’assurance s’est ensuite progressivement
appliquée à des systèmes collectifs d’assurance sociale (ex : en Allemagne
sous le chancelier Bismarck).
Les assurances
sociales s’inspirent des principes de l’assurance privée : elles
fonctionnent sur la base de la mutualisation des risques (la probabilité de
réalisation du risque dans l’ensemble de la communauté des assurés est très
faible, ce qui permet de diviser le montant de l’indemnisation par le nombre de
cotisants et de réduire ainsi le montant de la cotisation de chacun), sans
toutefois se heurter aux mêmes limites que celles rencontrées par les
assurances purement individuelles, à savoir :
·
la couverture de certaines éventualités telles que le chômage ou les
charges familiales ;
·
la sélection et la tarification des assurés en fonction de risques
spécifiques liés à leur âge et à leurs antécédents médicaux.
L’affiliation
obligatoire à un régime de sécurité sociale financé par des impôts ou des
cotisations (et non par des tarifs établis en fonction de la probabilité de
réalisation des risques couverts) permet de couper court à ces difficultés. En
supprimant la possibilité pour les personnes à faibles risques de s’assurer à
des conditions plus avantageuses auprès de la compagnie de leur choix, et en
opérant une redistribution entre les cotisants, la Sécurité sociale met en
oeuvre une solidarité universelle.
L’assistance sociale
L’assistance
sociale procède d’une histoire et d’une logique différente.
Héritière de
la charité chrétienne et de la Révolution française de 1789, à travers ses
principes d’égalité et de solidarité nationale, elle se définit comme le devoir
de la société de porter secours aux indigents, vieillards ou enfants
abandonnés.
Elle passe par
l’octroi d’une aide aux personnes dont les ressources sont insuffisantes,
financée par les impôts et versée par les collectivités publiques sans
contrepartie de cotisation.
Elle peut
prendre la forme de prestations monétaires ou en nature. Ces prestations
constituent pour la collectivité une obligation légale à l’égard des personnes
en situation de besoin. Elles ne sont pas contributives : autrement dit,
aucune contrepartie n’est exigée du bénéficiaire. En revanche, elles sont
soumises à des conditions de ressource et de besoin qui justifient l’examen au
cas par cas de la situation du demandeur : de ce fait, elles ne
constituent qu’un droit "subjectif".
Assurance, assistance et solidarité
Les relations
entre assistance et assurance sociales varient dans le temps et dans l’espace.
En France, par exemple, ces deux techniques de protection sociale ont été
traditionnellement opposées, parce qu’elles étaient porteuses de projets différents,
mais elles sont aujourd’hui associées dans les différents régimes de sécurité
sociale. Par ailleurs, une assimilation abusive entre assistance et solidarité
s’est développée. Or, la solidarité n’est pas une technique de protection
sociale, mais un principe que l’on peut retrouver aussi bien dans l’assistance
que dans l’assurance sociale.
L’opposition
entre assurance et solidarité est apparue en 1984 à l’occasion de la réforme de
l’indemnisation du chômage. Celle-ci a réduit la solidarité à l’assistance en
introduisant une distinction artificielle entre deux types de régime
d’indemnisation :
·
un régime "d’assurance", financé par cotisations, au titre duquel
des prestations de chômage sont versées aux salariés qui ont préalablement
contribué au régime, pendant une durée limitée ;
·
un régime de "solidarité", financé par l’impôt, en vertu duquel
des prestations de chômage sont versées aux chômeurs qui ont épuisé leur droit
au régime de l’assurance chômage, ou aux chômeurs qui n’ont pas suffisamment
cotisé pour s’ouvrir des droits.
La loi du
22 juillet 1993 relatives aux pensions de retraite et à la sauvegarde de
la protection sociale, en organisant la séparation entre les prestations
relevant de l’assurance vieillesse et celles relevant de la solidarité nationale
(minimum vieillesse, prise en charge de cotisation par l’État), opère une
réduction sémantique de même nature.
Ce glissement
sémantique est assez révélateur d’une évolution dans la manière de percevoir la
protection sociale. Il traduit une assimilation croissante de la solidarité aux
seules logiques non-contributives, les systèmes assurantiels étant de plus en
plus conçus comme des systèmes d’assurance privée qui alignent leurs niveaux de
cotisation et de prestation sur le niveau des revenus et des risques de leurs
bénéficiaires.
Une telle
évolution, perceptible dans les débats sur la réforme des retraites, présente
plusieurs risques.
Elle peut tout
d’abord entraîner la disparition de l’objectif de solidarité dans les systèmes
de protection sociale fondés sur l’assurance, en leur ôtant toute action de
redistribution. Les systèmes de protection sociale seraient alors strictement
divisés entre un régime de base, financé par l’impôt, et assurant de simples
prestations minimales sous conditions de ressources- comparable à la conception
traditionnelle de l’assistance-, et un second pilier, fonctionnant sur une
logique strictement contributive, assimilable à un système d’assurances
privées. Dans une telle architecture, le second pilier perdrait ses caractéristiques
de protection collective et pourrait donc être géré aussi bien par des
opérateurs publics que privés.
Une telle
évolution peut ensuite accentuer les inégalités existantes : les plus
pauvres auraient droit à un niveau minimal de prestations, garanti par la
solidarité nationale, et les autres s’assureraient eux-mêmes en fonction de
leurs revenus et de leurs risques, pour le niveau de protection qu’ils
choisiraient. Elle menace donc à terme l’objectif de cohésion sociale atteint
par les systèmes de protection sociale actuels, qui mêlent, dans une même
logique de solidarité, mécanismes d’assurance et d’assistance.
2)
Caractérisez chacune des techniques en complétant le tableau suivant
Technique
d’ASSISTANCE
|
Technique
d’ASSURANCE
|
|
Principe
|
Redistribution
|
Contribution et
rétribution
|
Objectif
|
Aider les
personnes aux revenus insuffisants
|
Percevoir une
prestation en cas de risque réalisé
|
Financement
|
Impôts
|
Cotisation
salariale
|
3)
Expliquer, en vous appuyant sur un exemple, si
les 2 techniques peuvent être mises en place pour la prise en charge d’un même
risque.
Risque : chômage
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